Accueil | Santé | ETATS DES LIEUX DES INTERVENANTS COMMUNAUTAIRES DANS LA RÉPONSE AUX IST/VIH/SIDA
do-1602331945
pdf-file
5.1MB
Partager ce document
share on facebook share on twitter share on whatsapp share on linkedin
ETATS DES LIEUX DES INTERVENANTS COMMUNAUTAIRES DANS LA RÉPONSE AUX IST/VIH/SIDA
République de Guinée
Santé | Etat des Lieux/Etudes
651 235 Publié en 2017

Résumé exécutif

 

L’analyse de la situation faite dans le Cadre Stratégique de Lutte contre le VIH/Sida 2013-2017 montre que la Guinée fait toujours partie des pays avec une forte mortalité. Le VIH/Sida constituerait la troisième cause de mortalité après le paludisme et les anémies (source annuaire statistique, MSHP 2011) et selon le Spectrum 2012 Guinée, le décès annuel dû au sida est estimé à 5173 cas dont 1051 enfants.

La Guinée a adopté des objectifs de réduction des taux de morbidité et de mortalité liés aux VIH/Sida, en adéquation avec les différents engagements nationaux, africains et internationaux.

 

Ces objectifs visent essentiellement la réduction des nouvelles infections, l’amélioration de la qualité de vie des PVVIH et le renforcement de la gouvernance de la réponse nationale.

 

La réponse nationale est organisée selon une approche basée sur la multisectorialité et la décentralisation, autour d’un cadre institutionnel impliquant les différents acteurs de la riposte nationale. Ce cadre est marqué par un organe de décision et d’orientation qui est le Comité National de Lutte contre le VIH/Sida (CNLS), des structures de coordination et de suivi qui sont le Secrétariat Exécutif du CNLS (SE /CNLS), les comités sectoriels de lutte contre le Sida et les comités régionaux de lutte contre le Sida. La mise en œuvre de la réponse nationale est assurée par le secteur public (santé et non santé), le secteur communautaire et le secteur privé.

 

Les communautés invitées, à s’engager aux côtés des autres acteurs dans la lutte contre le Sida, apportent leur contribution dans la sensibilisation et la mobilisation des communautés, la promotion des services VIH intégrés dans les activités des formations sanitaires (CDV, PTME, prise en charge des personnes vivant avec le VIH), dans le soutien psychosocial aux personnes vivant avec le VIH et des enfants rendus orphelins par le Sida, la lutte contre la stigmatisation et la protection des droits des personnes vivant avec le VIH et celles qui sont affectées.

 

La réalisation de la présente étude se justifie par le fait que cette contribution des intervenants communautaires n’a pas encore fait l’objet d’une documentation en vue de déterminer sa part dans l’atteinte des résultats globaux de la réponse nationale au VIH. Elle s’inscrit dans une dynamique de renforcement des systèmes communautaires, afin d’améliorer l’efficacité de la réponse nationale et garantir l’atteinte des résultats. Elle cherche donc à identifier les intervenants communautaires et leurs domaines d’activités en lien avec la lutte contre le VIH/Sida, à analyser les mécanismes de coordination et de suivi-évaluation de ces intervenants et à évaluer leurs besoins de renforcement.

 

L’étude s’est déroulée sur 12 districts sanitaires, ciblées par le programme RSS du Fonds mondial, à savoir : 7 districts sanitaires de l’intérieur du pays (Boké, Faranah, Kankan, Kindia, Labé, Mamou et Nzérékoré) et les 5 districts sanitaires de Conakry. La population étudiée a concerné les intervenants communautaires et les informateurs clés (responsables nationaux du CNLS, du ministère de la santé, des réseaux d’organisations de la société civile, des formations sanitaires/responsables locaux, etc.).

 

Trois méthodes de collecte des données ont été privilégiées : l’entretien individuel, le groupe de discussion dirigée (focus group) et l’analyse du document de stratégie. Les résultats ont été analysés selon une approche quantitative avec un traitement des données sur Epi-info 7 (version actuelle), et une approche qualitative basée sur une classification des informations selon les domaines à étudier.

 

L’analyse des résultats a abouti aux conclusions suivantes :

 

·      les intervenants communautaires engagées dans la lutte contre le VIH et le Sida en Guinée : l’analyse des documents de stratégie indique qu’il est reconnu comme intervenants communautaires dans la réponse aux IST/VIH/Sida en Guinée : les organisations à base communautaire, les associations/ONG locales et nationales y compris leurs regroupements (réseaux, coalitions, fédérations, etc.) reconnus officiellement par l’administration nationale. Cependant, le système national de santé à travers le (PNDS et la PNSC) ne reconnaît pas les organisations de la société civile comme intervenants communautaires, mais plutôt les Comités d’Hygiène et de Santé et les Agents de Santé Communautaires. L’analyse de terrain montre pourtant que tous les types d’intervenants identifiés par le CNS et les documents programmatique du Ministère de la Santé sont bien présents sur le terrain, même s’il y a une prédominance des groupes formels sur les personnes ressources et les organisations informelles (organisations ne disposant pas de documents officiels de reconnaissance délivrés par l’administration publique).

 

·      les domaines de programme de lutte contre le VIH et le Sida dans lesquels sont engagés les intervenants communautaires : les intervenants communautaires sont responsabilisés dans tous les domaines de la réponse nationale contre le VIH/Sida en Guinée allant de la prévention à la prise en charge médicale, en passant par le dépistage, l’accompagnement psychosocial et le soutien aux PVVIH. L’enquête de terrain a révélé que les intervenants communautaires se sont effectivement impliqués dans tous les domaines de la réponse nationale. Toutefois ces intervenants sont quasiment tous fortement engagés dans le domaine de la prévention, et plus faiblement dans le domaine de la PTME et de la prise en charge psychosociale. L’implication des intervenants communautaires est à son plus bas niveau concernant les soutiens aux PVVIH et la gouvernance de la réponse nationale. Ces faibles implications s’expliquent par les faibles compétences des intervenants communautaires dans ces domaines, surtout par l’insuffisance des ressources (financières et logistiques) investies dans la mise en œuvre de leurs activités.

La responsabilisation des intervenants communautaires souffre également d’un manque d’éclaircissement entre le rôle des structures de coordination et celles de mise en œuvre, qui entraine des confusions de rôles et des conflits de leadership sur le terrain.

 

·      La fonctionnalité et l’efficacité des mécanismes de coordination : la planification de la réponse nationale a prévu une coordination des interventions communautaires au niveau régional et préfectoral. Cependant elle est restée plus ou moins muette sur la coordination au niveau national. En outre aucun mécanisme n’a été décrit pour faire le lien entre les structures communautaires de mise en œuvre et leurs structures de coordination. Bien que la société civile tienne à sa liberté d’organisation, la logique de l’approche multisectorielle et les principes du « TREE ONE[1] » recommande que des directives soient énumérées pour orienter l’opérationnalisation par les acteurs concernés. Sur le terrain l’enquête a montré qu’il n’existe pas de mécanismes formels et structurés, se reposant sur des objectifs de coordination. Les mécanismes décrits par les acteurs sont dans leur majorité des initiatives isolées et temporelles, se reposant le plus souvent sur l’ingéniosité et l’ouverture des acteurs en présence.

 

·      Les mécanismes de suivi-évaluation des interventions communautaires : Tout comme la coordination, le système de suivi-évaluation des intervenants communautaires est décrit au niveau décentralisé, mais pas au niveau central. Les similitudes avec la coordination vont jusqu’au niveau également du rôle des structures communautaires de coordination par rapport aux structures de mise en œuvre. Egalement dans ce domaine, il a juste été identifié des initiatives isolées de suivi-évaluation, ne permettant pas de remonter des informations complètes et fiables pour alimenter le système national. Cela est vérifié par le fait que les rapports nationaux de la réponse nationale ne spécifient pas la contribution des intervenants communautaires à la réponse.

 

·      Les besoins en renforcement des capacités des intervenants communautaires : La planification de la réponse nationale a toujours prévu sur le plan programmatique et financier le renforcement des capacités des intervenants communautaires. Malheureusement, aussi bien sur le plan programmatique que financier, la planification a été très souvent en deçà des besoins recensés. Ainsi, le renforcement des capacités des intervenants communautaires est le domaine qui bénéficie le moins des affectations budgétaires, autrement dit, il est le « parent pauvre » de la réponse nationale. La majorité des acteurs rencontrés ont effectivement exposé leur dénuement sur tous les plans : techniques, financiers et logistiques. Il a été effectivement constaté que : les organisations communautaires fonctionnent avec des budgets trop faibles, elles n’arrivent pas à mettre en place toutes les règles de bonne gestion, et elles ne disposent pas le plus souvent des compétences techniques pour la mise en œuvre de leurs activités.

 

Malgré les insuffisances observées, les organisations communautaires réalisent tout de même de belles initiatives de bonnes pratiques. Il a alors été formulé les recommandations suivantes pour renforcer davantage l’efficacité de leurs interventions :

  • Uniformiser les considérations des intervenants communautaires entre le système de santé public et le cadre de réponse nationale aux IST/VIH/Sida
  • Responsabiliser les intervenants communautaires selon leur niveau de fonction de coordination ou de mise en œuvre
  • Mettre en place une stratégie de mobilisation pour s’assurer que tous les intervenants communautaires identifiés s’impliquent et jouent leurs rôles
  • Définir un mécanisme de planification qui décrit d’une part les liens de planification entre les structures communautaires de coordination et les associations de mise en œuvre et d’autre part les liens de planification entre les structures de coordination communautaire et le système national de planification

·        Créer des cadres de rencontres entre structures de coordination du secteur public et les intervenants communautaires au niveau central et décentralisé

·        Créer des bases de données sur les intervenants communautaires au niveau central et décentralisé

·        Définir des mécanismes d’approche pour promouvoir l’implication des organisations non formelles et les personnes ressources (leaders d’opinion)

·        Inclure un mécanisme de coordination entre les structures communautaires de coordination et les associations de mise en œuvre dans la réponse nationale

  • Mettre en place une structure faitière des intervenants communautaires pour coordonner les interventions communautaires
  • Définir un mécanisme formel et structuré de suivi-évaluation au niveau des intervenants communautaires
  • Renforcer les capacités techniques des intervenants communautaires en suivi-évaluation
  • Inclure les activités de renforcement du système de suivi-évaluation des interventions communautaires dans le budget du plan de suivi-évaluation du CSN 2013-2017
  • Tenir régulièrement les rencontres de l’instance nationale responsable du suivi-évaluation de la réponse nationale contre le VIH
  • Harmoniser les processus de suivi-évaluation entre d’une part le système national de santé et les collectivités locales et d’autre part entre le système de suivi-évaluation de la réponse contre le VIH et le système national de santé

·        Elaborer un programme complet de renforcement des systèmes communautaires dans la lutte contre le VIH/Sida en Guinée

·        Revoir à la hausse la planification budgétaire au profit des intervenants communautaires

·        Mettre en place un panier commun de financements des interventions communautaires

·         Revoir la planification de la réponse nationale pour prendre en compte les Communes Urbaines et  les Communes Rurales

·         Mettre en place un programme de formation des intervenants communautaires selon leur niveau de responsabilité et d’implication



[1] Tree One

de l'ONUSIDA : un cadre d'action unique, un seul mécanisme de coordination, un seul mécanisme de suivi-évaluation

Partager ce document
share on facebook share on twitter share on whatsapp share on linkedin

Dans la même catégorie

do-1602327920
CODE DE LA SANTE PUBLIQUE . Guinée
Santé
Cadre Juridique
do-1602328415
LOI L\2018\N 024... RELATIVE AUX MEDICAMENTS, PRODUITS DE SANTE ET A L'EXERCICE DE LA PROFESSION DE PHARMACIEN
Santé
Cadre Juridique
do-1602329220
Ordonnance 056/2009/PRG/SGG relative à la Prevention, Prise en charge et le Contrôle du VIH/sida en République de Guinée
Santé
Cadre Juridique
do-1602329437
LA SANTE EN GUINEE : UN MODELE DE SYSTEME DE SOINS DE SANTE PRIMAIRES A REVISITER
Santé
Etat des Lieux/Etude...