CNLS
1. Résumé exécutif
Au
cours des dernières années le gouvernement guinéen a consacré de nombreux
efforts à réduire le gap entre la population générale et les groupes les plus
vulnérables. Il s’est doté d’un cadre normatif pour la prise en charge et la
prévention du VIH auprès desdits groupes ; il a également commencé un
vaste chantier afin d’acquérir l’information stratégique par la connaissance
épidémiologique systématisée et par une surveillance accrue à travers les études
de surveillance comportementale et biologiques sur le VIH (ESCOMB).
Si
des informations quantitatives sur les comportements sexuels et les besoins de
ces groupes existent dans la surveillance nationale renforcée[1], ces derniers méritent toutefois
une investigation plus approfondie non seulement pour fournir des données sur
les facteurs et déterminants de prévalence du VIH et des IST, mais aussi pour
mieux cerner les réalités socioculturelles, économiques et structurelles
permettant d’orienter les actions de prévention et de prise en charge du VIH. Ce
projet collaboratif sur les facteurs de vulnérabilité du VIH financé par le
Fonds Mondial et mis en œuvre par PSI constitue une opportunité pour la Guinée
afin de mieux planifier les interventions auprès des populations à risque.
Il a été
décidé de mener une étude auprès de trois groupes (HSH, PS, miniers), ayant
pour objectif majeur d’une part, d’explorer qualitativement la problématique du
VIH/sida auprès desdits groupes parmi les plus à risque et, d’autre part, d’apporter
des réponses à des questions visant à mieux appréhender la complexité de leur
vulnérabilité c’est-à-dire des éléments qui expliquent qu’ils soient plus
exposés au risque du VIH/sida que les autres dans le contexte national.
Les champs
couverts par cette étude relèvent davantage du regard qualitatif pour compléter
les données des enquêtes bio comportementales qui se sont multipliées dans le
pays depuis une décennie.
L’étude a couvert
5 régions de la Guinée (Conakry, Boké, Siguiri, Labé, Nzérékoré). Elle s’est
déroulée de mai à septembre 2017 pour les phases de préparation, passage au
comité d’éthique et récolte et enquêtes. Le présent rapport rendu au mois de
décembre boucle ce processus. Au total, 116 PS, 100 HSH et 51 miniers ont
répondu à des entretiens et focus group. 10 informateurs clés parmi les leaders
associatifs HSH et PS, les médecins et autres membres d’ONG impliqués auprès
des 3 groupes ont répondus à des entretiens approfondis. Enfin 2 ateliers de
diagnostics participatifs de 26 participants (13x2) ont concerné les HSH et les
PS à Conakry.
Le traitement
des données s’est fait en utilisant le logiciel qualitatif NVivo, et en
procédant par une analyse thématique. Il s’est agi d’en saisir les « narratives
frame » (les discours et récits) qui donnent une photographie de la
situation desdits groupes, et surtout de comprendre les « cadres et schèmes
structurels » sur lesquels s’appuient un certain nombre de
déterminants de la vulnérabilité.
Le
traitement des données a fait émerger 3 principales thématiques convergentes
qui déterminent le contexte des groupes cibles :
Ü Les risques
sociaux (Insécurité
économique et financière, violence endémique surtout pour les PS et HSH,
arrestation abusive analphabétisme, exclusion sociale)
Ü Les risques
individuels (non
usage du préservatif, perception biaisée des risques, sexualité
transactionnelle)
Ü L’inadaptation
des services de santé offerts aux groupes cibles (surtout en zone minières artisanales)
[1] Les
données actuelles : professionnelles du sexe, (14,8%ESCOMB, 2015) ;
les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (11,4, ESCOMB,
2017) ; tandis que la prévalence rapportée en population générale est de 1,6% (ONUSIDA,
2016) ; les Miniers auraient une prévalence de 5,2% ce qui une fois de
plus est largement supérieur à la population générale (ESCOMB, 2015).
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