Mission organisée conjointement par le CGRA (Belgique), l’OFPRA (France) et l’ODM (Suisse)
Les demandes de protection internationale des ressortissants guinéens constituent des
flux majeurs en constante augmentation tant en Belgique qu’en France. L’évolution
a été particulièrement significative en Belgique où la Guinée est devenue en 2011 le
deuxième pays de provenance des demandeurs d’asile. La Guinée a par ailleurs toujours
figuré parmi les dix premiers pays d’origine en France. Si la part de la demande d’asile
guinéenne apparaît moindre en Suisse, elle présente néanmoins de grandes similitudes
avec celle présentée en Belgique et en France.
Par ailleurs, la Guinée se situe aujourd’hui à un moment charnière de son histoire. Depuis
son indépendance en 1958, ce pays a connu une succession de régimes militaires ou
autocratiques. Les présidents Ahmed Sékou Touré (1958-1984) et Lansana Conté (1984-
2008) ainsi que la junte militaire du Conseil National pour la Démocratie et le Développement
(CNDD), avec à sa tête le capitaine Moussa Dadis Camara (2008-2009), se sont illustrés par
l’utilisation de l’intimidation et de la violence contre les voix de l’opposition. La répression
particulièrement sanglante d’une manifestation pacifique organisée par l’ensemble des
acteurs de la société civile, collectivement désignés par le terme de « Forces Vives »,
dans le stade de Conakry, le 28 septembre 2009, a été unanimement condamnée par
la communauté internationale et a traumatisé l’opinion publique guinéenne. Dans ce
contexte, la transition démocratique engagée en janvier 2010, sous la présidence par
intérim du général Sékouba Konaté, qui a permis, pour la première fois dans l’histoire
du pays, la tenue d’élections présidentielles libres et transparentes en juin et novembre
2010, a été qualifiée par certains observateurs « d’opportunité extraordinaire ». Bien que
marquées par de violents affrontements entre partisans des deux candidats en lice au
second tour, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, ces élections, qui ont permis l’arrivée
au pouvoir d’Alpha Condé, chef de l’opposition guinéenne depuis de longues années,
peuvent être considérées comme historiques. S’ouvre enfin pour la Guinée la possibilité
d’une rupture avec l’autoritarisme, les violations des droits de l’homme et la corruption
qui prévalent depuis plus de 50 ans.
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