CNLTPPA/EXPERTISE FRANCE
L’Agence Expertise France et le CNLTPPA se sont réunis pour initier un exercice de cartographie et d’analyse des dispositifs nationaux et locaux existants en matière de protection, d’assistance et de prise en charge des victimes de traite en Guinée.
Cette initiative fournit une macroanalyse de la façon dont les dispositifs existants de protection et d’aide aux victimes de traite fonctionnent actuellement en Guinée. Elle permet d’identifier les lacunes des systèmes actuels et explore les pratiques de référencement et de prise en charge des acteurs. Cette cartographie et l’analyse du système constituent la première étape dans l’élaboration d’un mécanisme national intégré de référencement des cas de traite en Guinée. Elle est à la disposition des acteurs et structures impliqués afin de participer à une réflexion et une discussion sur la contribution de chacun d’entre eux à l’élaboration et à la révision continue des stratégies de lutte contre la traite des personnes.
Principaux résultats
La Guinée a ratifié un grand nombre d’instruments internationaux axés sur la traite des êtres humains et les domaines connexes, et a mis en place des lois et politiques nationales pour soutenir le cadre juridique pour la protection des victimes. En Guinée, il n’existe pas de loi spécifique consacrée à la lutte contre la traite des personnes. La pratique est sanctionnée à travers des dispositions éparpillées dans plusieurs textes juridiques nationaux dont la constitution, le code pénal, le code de l’enfant, le code du travail.
De nombreux services de l’Etat sont susceptibles d’être confrontés aux cas de traite et de réaliser un travail d’identification et de prise en charge des victimes (les services techniques du MASE, du MDAF, l’Inspection Générale du Travail, l’OPROGEM, la BSPPV, les structures sanitaires, les tribunaux de première instance et justices de paix). Le CNLTPPA est l’acteur qui assure la coordination des activités de lutte contre la traite des personnes en Guinée.
Les interventions d’un bon nombre d’ONG s’organisent autour des thématiques spécifiques de protection liées à la traite des personnes. Les structures communautaires jouent également un rôle important dans l’assistance aux victimes.
Il existe des Organisations internationales qui soutiennent les acteurs nationaux dans la lutte contre la traite des personnes et la protection des victimes. L’OIM intervient dans l’identification, l’accueil et l’hébergement des victimes de traite et appui le retour et l’intégration des victimes dans la communauté ou le pays d’origine. L’UNICEF aide à assurer un soutien médical et psychologique aux enfants victimes d’exploitation et d’abus et encourage leur réinsertion dans la société. Il se mobilise en vue de l’abandon des mutilations génitales féminines et soutient des centres d’accueil pour les enfants en situation difficile.
Des systèmes d’orientation entre organisations pour la gestion de certains cas ont été mis en place au niveau local et ciblent des thématiques très spécifiques de protection des personnes vulnérables comme la protection des enfants et la lutte contre les VBG. Ces systèmes fonctionnent sur la base d’outils et procédures spécifiques. Un nombre important d’acteurs participent à ces dispositifs et manifestent une bonne volonté à collaborer. Mais toute collaboration entre organisations est informelle et dépend de la bonne volonté des organisations ou des individus.
La plupart des procédures indiquées par les acteurs (33,87%) reposent sur :
▪ Les Procédures standards du SYPEG, élaborées par la Direction Nationale de l’Enfance ;
▪ Et les SOPs du CNLTPPA élaborées en 2020 à travers un appui de l’OIM (projet JTIP).
Les défis majeurs quant au bon fonctionnement des dispositifs existants sont liés au manque d’informations correctes sur la traite, au manque de ressources financières et logistiques adéquates, et au manque d’inclusivité (la non pris en compte de tous les aspects liés à la lutte contre la traite des personnes et la protection de ses victimes).
Malgré les défis, il existe des points forts dans les dispositifs en place, notamment un maillage étendu et la synergie des acteurs.
Recommandations
Dans un objectif d'inclusion des victimes de traite, les efforts de protection et d'assistance doivent être orientés vers l’intégration de la protection et de l'assistance aux victimes de traite dans les systèmes du SYPEG et des VBG existants (sans créer donc un système parallèle de services) ;
Réaliser une cartographie nationale des pratiques de traite des personnes en Guinée ;
Actualiser les SOPs existants et les diffuser auprès des acteurs ;
Assurer la formation des acteurs sur la traite ;
Développer des partenariats avec des acteurs de la sous-région et promouvoir le partage d’expériences et de bonnes pratiques en matière de lutte contre la traite et la prise en charge des victimes ;
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