Coalition des Organisations de la Société Civile pour le Repositionnement de la Planification Familiale (OSC-PF)
Résumé exécutif
Introduction
En Guinée, l’accès des jeunes filles aux services de santé sexuelle et reproductive reste limité. Les conséquences immédiates de cet accès limité sont entre autres les grossesses précoces et non intentionnelles menant souvent à des avortements clandestins qui peuvent menacer dangereusement la santé et la vie de ces jeunes femmes. De plus, les grossesses précoces constituent un obstacle majeur à la poursuite des études par les jeunes filles. Dans le but d’améliorer ces indicateurs, la Coalition Nationale des OSC/PF, dans le cadre du projet PAJES, a initié la présente étude visant à analyser le phénomène des grossesses non intentionnelles (GNI) en milieu scolaire guinéen. L’étude est réalisée en collaboration avec le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique à, travers la DNSFN, l’Association des Blogueurs de Guinée et l’ONG Solthis. Elle vise à proposer des approches de solutions réalistes et pertinentes aux acteurs institutionnels pour la prévention et l’orientation de la prise en charge des grossesses non intentionnelles en milieu scolaire au niveau national.
Méthodes
La présente étude s’est déroulée dans la commune de Ratoma à Conakry et les préfectures de Kindia, Labé, Kankan et Nzérékoré, chefs-lieux des régions naturelles de la Guinée.
Il s’agissait d’une étude transversale à méthodes mixtes explicatives, utilisant des données quantitatives et qualitatives. Les données quantitatives ont permis de mesurer l’ampleur des GNI et de certains facteurs favorisant les GNI en milieu scolaire. Les données qualitatives, quant à elles, ont aidé à comprendre les facteurs et mécanismes favorisant le phénomène de GNI en milieu scolaire ainsi que les conséquences liées à celui-ci, à dresser l’état actuel des lieux sur la lutte contre ce phénomène, et à recueillir auprès des répondants des suggestions pour la prévention des GNI et de leurs conséquences en milieu scolaire guinéen.
Comme méthodes quantitatives, nous avons conduit une enquête transversale de ménage à visée descriptive. Au total, au moins 675 élèves filles étaient nécessaires pour l’enquête de ménage, dont au moins 135 élèves par la commune de Ratoma et chaque préfecture de l’étude. Les méthodes qualitatives ont consisté en la conduite de 83 entretiens individuels approfondis et de quatorze discussions de groupe dirigées.
Résultats
Ampleur des grossesses en milieu scolaire guinéen
Sur les 678 élèves filles interrogées dans les ménages, 139 filles, soit 21% [IC à 95%: 18%- 24%] ont eu des grossesses au cours des trois dernières années (2021-2023). Parmi ces grossesses, 73% [IC à 95% : 65%-80%] (n=102) étaient des GNI. L’ampleur des GNI variait significativement (P<0,001) d’une préfecture à une autre avec une prévalence plus élevée à Kankan (83%) et plus faible à Labé (45%). Cette prévalence était également plus élevée en milieu rural avec 84%, comparé à 69% en milieu urbain (P=0,044). Quant à l’ampleur au collège (77%), elle était plus élevée comparée au lycée (66%), mais avec une différence statistiquement non significative (P=0,17). A noter qu’à l’école primaire, un cas de grossesse qui, d’après la déclaration de l’élève était désirée, a été rapporté. Pris par tranche d’âges, la proportion des GNI parmi les cas de grossesse était plus élevée parmi les élèves de 15 à 19 ans (77%), suivie de celle de 20 à 24 ans (69%) et de 25-26 ans (67%).
Facteurs favorisant les grossesses en milieu scolaire guinéen (...)
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