L’impact socio-économique de la détention provisoire en GUINÉE CONAKRY
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Chaque jour à travers le monde, 3,2 millions de
personnes sont détenues en attente de jugement
et en moyenne plus de 14 millions de personnes
sont chaque année placées en détention provisoire3.
En Guinée, la population carcérale est composée
à plus de 67% de détenus en attente de procès,
ce qui provoque un surpeuplement qui contraint
les prisons guinéennes à fonctionner à 175% de
leur capacité d’accueil4. Certaines personnes en
détention provisoire sont retenues pendant quelques
jours ou quelques semaines, mais beaucoup le
sont pendant des mois, voire des années. L’usage
excessif et arbitraire de la détention provisoire mine
sérieusement le développement socio-économique
– et est particulièrement préjudiciable pour les
pauvres. La détention provisoire affecte de manière
disproportionnée les individus et les familles vivant
dans la pauvreté : ils sont plus susceptibles d’entrer
en confl it avec le système de justice pénale, plus
susceptibles d’être détenus en attente de jugement,
et moins en mesure de payer des cautions. Pour les
individus, l’usage excessif de la détention provisoire
signifi e la perte de revenus et des possibilités d’emploi
réduites. Pour leurs familles, cela signifi e des diffi cultés
économiques et la réduction des résultats scolaires
tandis que pour l’Etat, cela signifi e une augmentation
des coûts, des revenus réduits, et moins de ressources
pour les programmes de services sociaux.
L’impact de la détention provisoire excessive et sans
discernement se fait sentir plus fortement dans
les pays comme la Guinée qui sont concernés par
les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD). La réalisation des principaux objectifs en
matière de santé et d’éducation par exemple, est
directement compromise lorsque les suspects sont
maintenus pendant de longues périodes en détention
provisoire et souvent dans des établissements
surpeuplés et insalubres.
Afi n d’explorer davantage ce lien, la Campagne
mondiale sur les mesures judiciaires avant procès a entrepris en 2010, une étude globale sur l’impact
socio-économique de la détention provisoire
évaluant l’impact sur les individus, les familles, les
communautés et l’État5. Cette étude s’appuie sur cette
recherche et vise à examiner la situation dans certains
pays et à documenter les expériences des détenus
et leurs familles. Elle fait partie d’une série d’études
spécifi ques en cours de réalisation dans des pays
comme la Guinée Conakry, le Ghana, la Sierra Leone,
le Mozambique, le Kenya et la Zambie.
Cette recherche permettra de combler les lacunes en
terme de connaissances sur les effets de la détention
provisoire excessive. Bien que cette détention affecte
des millions de personnes par an, il y a un manque
d’études et de données quantitatives. Il est nécessaire
de poursuivre les recherches dans ce domaine, et de
mettre en place un cadre permettant aux décideurs
politiques et aux experts en développement d’évaluer
et de comprendre les véritables coûts de la détention
provisoire excessive.
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